Après une bonne nuit de repos et un petit déjeuner de pain frais et croissants, nous voilà prêts pour la grande randonnée .Les nuages bas et le vent froid augurent d'une journée maussade .Qu'importe ,notre plaisir est intact.
Nous partons du camping à pied,
Une belle portion de plat permet d'échauffer les muscles endoloris par les efforts de la veille, nous longeons des champs fraichement labourés, d'une terre riche que l'on devine bien irriguée par la rivière toute proche.
A un détour du chemin nous apercevons le village La Roque Gageac, blotti au pied de la falaise abrupte qui masque l'horizon.
Quelques minutes de plus et nous attaquons une première montée par un sentier incrusté dans la falaise, bordé de maisons posées en équilibre sur le rocher .
Nous parvenons au pied du château de La Malatrie, planté en avant garde du village. Malgré son aspect de château médiéval sa construction est en réalité récente, elle date de 1901,son nom vient de « la maladrerie » en raison d'une ancienne léproserie qui jouxtait le château , aujourd'hui reconverti en lieu de séjour pour touristes il domine les eaux de la Dordogne offrant un beau panorama à ses occupants.
Nous nous arrêtons quelques minutes pour profiter du lieu en nous restaurant, avant d'affronter les difficultés du jour.
Nous reprenons nos sacs et nous dirigeons vers le centre du village, nous passons devant un oratoire représentant une vierge à l'enfant, oratoire offert par un chirurgien qui a survécu à une tempête en mer.
La Roque Gageac, classé comme un des plus beaux village de France, mérite bien son nom avec ses maisons de pierre blonde si bien mises en valeur.
Le site était déjà fréquenté par les hommes préhistoriques qui avaient repéré la sécurité potentielle du lieu, au 9ème siècles les habitants dressent des fortifications pour déjouer les attaques des drakkars normands,et au 12ème siècle un fort troglodyte est aménagé. Ces défenses sont inexpugnables, même les protagonistes de la guerre de cent ans renoncèrent à l'assaut
Malheureusement des risques d'éboulement ont contraint la municipalité à interdire la visite de ces fortifications, ce qui nous oblige à faire demi-tour. Nous passons devant la plaque rappelant qu'en 1957 un effondrement d'une partie de la falaise écrasa six maisons et fit 3 victimes, la zone est vide, quelques vestiges des constructions détruites rappellent la catastrophe , le roc se dresse énorme, menaçant,éveillant un sentiment de crainte et d'angoisse chez le visiteur.
Au centre du village nous apercevons un très beau manoir qui appartenait à Jean Tarde, natif de La Roque Gageac, c'était un célèbre humaniste et botaniste, il ramena dans la région la 1ère lunette astronomique que lui avait offert son ami Galilée.
Après cette brève visite ,à la sortie du village nous poursuivîmes notre chemin par un sentier très pentu et sinueux, il n'était pas très long et nous amena à une petite escalade, aménagée par le propriétaire des lieux pour faciliter le contournement de son domaine, cette petite voie, délicieusement aménagée dans le sous-bois offre au passage un belvédère dominant le château de La Malartrie ,on peut entrevoir terrasse et piscine surplombant la Dordogne.
Le sentier grimpe en permanence au travers de la forêt avec de brutales inflexions ,sans qu'on en devine la fin, le souffle se fait plus court les conversations s'amenuisent puis cessent , seul l'effort pour rallier le sommet compte, le pas se fait plus lent , les pierres du chemin roulent sous un pied devenu moins précis,la file s'allonge. Jean Pierre qui s'est porté volontaire pour fermer la marche encourage les retardataires. Quelques haltes intermédiaires et enfin tout le monde atteint le sommet. Une petite pause pour récupérer et nous voilà repartis, le chemin redescend, l'allure est bonne, la progression du groupe s'accélère.
De loin en loin quelques habitations isolées, magnifiques appellent quelques commentaires, il serait dur aux citadins que nous sommes de vivre en ces lieux,,,
Quelques hectomètres plus loin, nouvelle difficulté, de nouveau le chemin s'élève jusqu'au Roc et Beau Repos;
De là on découvre encore un panorama grandiose et magnifique, on devine au loin le château de Beynac où nous passerons plus tard.
Le plus dur est fait pour aujourd'hui,nous passons par un curieux tunnel de buis et nous nous laissons aller jusqu'au lieu du pique-nique par une longue descente, à l'orée d'un camping où, tout en partageant les provisions, chacun y va de son commentaire sur ce circuit, bien entendu le temps maussade nous enlève une partie de notre plaisir.
Après cet intermède nous voilà prêts à repartir, nous suivons maintenant une petite route bordée de jolies maisons dont beaucoup signalent des chambres d'hôtes preuve de l'activité touristique de ce beau département .
Une dernière montée et nous voilà sur la route plongeant jusqu'au village de Beynac
Nous rejoignons la rive de la Dordogne et en nous retournant nous sommes saisis par la contemplation de l' imposante forteresse dominant de 150 mètres la rivière
C'est un des châteaux les mieux conservés de la région , classé monument historique depuis 1944, le donjon date du 13ème siècle, il est protégé du côté du plateau par une double enceinte.
A l'époque de la guerre de cent ans Beynac était une des places fortes françaises; la Dordogne faisant office de frontière; le château de Castelnaud tenant pour les anglais, de nombreux combats opposèrent les deux partis, on imagine la férocité des batailles dans cette région alors couverte de forêts.
Le château a été racheté en 1962 par Lucien Grosso qui l'a passionnément restauré, nous ne pouvons nous empêcher d'avoir une pensée pour les bâtisseurs de cette époque, quels exploits journaliers pour dresser de tels monuments.
Notre chemin suit maintenant la rive de la Dordogne qui roule une eau claire et rapide
Quelques courageux canoëtistes se laissent porter par le courant, attentifs aux obstacles ils disparaissent rapidement de notre vue.
Un peu plus loin le château de Fayac s'offre d'un coup à notre regard, de l'autre coté de la rivière, C'est un beau château assez peu connu, son déficit d'images vient de ce qu'il ne se visite pas et qu'il n'est pas visible comme ses voisins de Beynac et Castelnaud. Il reçoit comme beaucoup de belles demeures de cette région , des touristes fortunés A l'époque de la résistance , André Malraux s'y cacha pour diriger son réseau .
La pluie que nous avions craint toute la journée commence alors à tomber , doucement ; le pas s'accélère alors et les quelques kilomètres qui restent à faire sont rapidement parcourus, finalement nous éviterons le plus gros de l'averse.
Un repos bien mérité,une bonne douche et l'on se retrouve au restaurant,ce soir menu tapas .Le groupe est fatigué mais heureux,l'ambiance est à l'amitié ,aux plaisanteries,même le personnel du restaurant y participe .La journée se terminera par une petite veillée au gîte où ,bien sur ,nous avons refait le monde.
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